La pandémie actuelle affecte principalement le secteur du tourisme. Les compagnies aériennes sont donc particulièrement menacées et ne cachent pas leur inquiétude face à la prolongation indéterminée de la crise sanitaire et du confinement dans de nombreux pays du monde.
Les « ravages » ont d’ailleurs déjà commencé :
- La compagnie aérienne britannique, Flybe, a été la première à « plier bagages » suite au démarrage de la pandémie, même si l’honnêteté intellectuelle nous conduira également à préciser que ses difficultés financières étaient antérieures à l’émergence du Covid-19.
- La compagnie aérienne low cost norvégienne, Norwegian Air Shuttle, qui faisait déjà face à des problèmes financiers majeurs (v. notre précédent article : « Crise du coronavirus : les compagnies aériennes peuvent-elles vous imposer l’attrivution d’avoirs en lieu et place du remboursement ? »), vient d’annoncer la mise en faillite de quatre filiales en Suède et au Danemark, entraînant, par ailleurs, le licenciement de 4700 employés.
- Virgin Australia, deuxième compagnie aérienne australienne derrière Qantas, vient de se déclarer en cessation de paiements, le gouvernement refusant de la sauver.
- La société Scandinavian Airlines System est sous perfusion gouvernementale, la stratégie de l’immunité collective adoptés par le gouvernement suédois ne suffisant pas à la sauver.
- Virgin Atlantic se sait désormais menacée et Richard Branson, son richissime propriétaire en a donc appelé à une aide gouvernementale, rappelant que le Royaume-Uni a déjà accordé un prêt substantiel de 600 millions de livres à son concurrent, EasyJet.
Cela explique aussi pourquoi tant de compagnies aériennes tentent de violer le rigide règlement n° 261/2004 en offrant à leurs passagers, des avoirs en lieu et place des remboursements qui peuvent pourtant être réclamés, sans justification, par les consommateurs de services aériens.
Les Français sont mal lôtis car Air France, sa filiale, Transavia, Air Caraïbes et Corsair font partie des « mauvais élèves », refusant à leurs passagers tout remboursement avec un objectif inavoué : ne pas entamer dangereusement leur trésorerie. Et ce ne sont malheureusement pas les seuls : il faut également ajouter (liste non exhaustive) Air Caraïbes, Lufthansa, Emirates Airlines, TAP Portugal, Royal Air Maroc, Easyjet, Virgin Atlantic, Norwegian, United Airlines…
La commissaire européenne aux Transports, Adina Valean, avait pourtant clairement indiqué que ce mode de fonctionnement violait le règlement n° 261/2004 et que la Commission européenne, à elle seule, n’avait pas le pouvoir de suspendre son application. Le commissaire européen à la Justice, Didier Reynders, ne dit pas autre chose mais indique tout de même « travailler sur une alternative ».
L’Association internationale du transport aérien (IATA), qui rassemble 293 compagnies aériennes, semble soutenir les récalcitrants et la guerre fait rage avec les agents de voyages.
Comme nous l’avions expliqué dans le précédent article, de nombreux voyageurs suivent avec attention la situation des compagnies aériennes et s’inquiètent : que se passera-t-il si celles qui ont délivré des avoirs font faillite ? Le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC) prône des « bons protégés contre l’insolvabilité ». Mais comment est-ce possible concrètement ?
L’avenir du secteur aérien s’annonce particulièrement sombre et devrait également avoir un impact délétère sur un certain nombre de consommateurs…